Né à Burbank, en Californie, Gonzalo Lira avait des racines chiliennes, ses parents étant Gonzalo Lia Valdés et María Isabel López Hess. Il a passé ses premières années dans divers lieux, dont San Fernando Valley, Los Angeles, New York, Miami et Guayaquil, en Équateur.
Après avoir obtenu son diplôme du Saint George’s College de Santiago en 1985, Lira a poursuivi ses études au Dartmouth College, où il a obtenu un diplôme d’histoire et de philosophie en 1995.
À la fin des années 90, Lira a enchaîné divers métiers. Dans les années 2000, il s’est brièvement aventuré dans l’industrie cinématographique et a acquis une expérience précieuse à Hollywood.
Aux alentours de 2010, il s’est transformé et est devenu un prétendu expert en économie. La même année, il s’est installé en Ukraine, où il a épousé une Ukrainienne. Au cours de cette période, il a contribué aux discussions par le biais de commentaires sur des plateformes telles que Business Insider et ZeroHedge, et est apparu dans des “médias alternatifs”.
Plus tard, il s’est établi à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, près de la frontière russe. Lira a gagné des partisans en partageant en ligne des contenus critiquant le gouvernement ukrainien et le président Volodymyr Zelensky. Il a accusé sans fondement le leader ukrainien d’être un “cocaïnomane” et a loué l’opération russe comme “l’une des invasions les plus brillantes de l’histoire militaire”.
Pourtant, quelques mois avant le début de ce conflit, il ne donnait pas l’impression de se présenter comme un journaliste citoyen, un expert de l’Ukraine, un passionné de politique étrangère ou un connaisseur de la guerre. Selon Manoel Horta Ribeiro, chercheur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse, il a été qualifié de “YouTuber de la Manosphere de taille moyenne”.
En novembre 2021, Lira a retiré une grande partie de ses anciens contenus sur les conseils de vie et de rencontres des plateformes publiques avec le terme “nuked” qu’il avait lui-même inventé. Par la suite, il a commencé à publier plus souvent sous son vrai nom. Une vérification des archives par The Daily Beast a révélé la suppression de ces contenus. Sa chaîne YouTube Coach-Red-Pill n’a conservé qu’une seule vidéo – un message d’avertissement succinct exhortant ses abonnés à quitter les pays occidentaux avant un conflit prévu avec la Chine, qui, selon lui, accélérera la descente dans un régime totalitaire.
Lira a toujours publiquement affirmé “ne jamais avoir été un agent payé par qui que ce soit”. Il a fermement condamné l’utilisation de ses contenus dans ce qu’il reconnaissait comme de la propagande russe. Malgré la répétition de points de vue pro-kremlin, il a souligné qu’il ne se ralliait à aucun parti pris et transmettait des vérités objectives basées sur ses observations et analyses.
Le service de sécurité ukrainien, le SBU, a arrêté Lira le 1er mai 2023, puis il a été libéré sous caution. Après sa réincarcération en juillet, après s’être enfui pendant sa libération sous surveillance à domicile, il a affirmé dans des tweets à ses partisans qu’il s’agissait d’une tentative des autorités ukrainiennes de le “faire disparaître”.
En juillet, Lira, qui était resté silencieux sur les réseaux sociaux pendant des mois après son arrestation par les autorités ukrainiennes, est apparu sur X, l’ancien Twitter, avec des messages indiquant une tentative d’évasion de l’Ukraine. Il a déclaré : “J’ai été arrêté pour mes vidéos sur YouTube”, ajoutant :
En ce qui concerne l’arrestation de Lira, le Centre ukrainien de communication stratégique et de sécurité de l’information, également connu sous le nom de SPRAVDI, a déclaré que le YouTuber était accusé de “justification de l’agression russe contre l’Ukraine” en vertu de l’article 463-2 du Code pénal ukrainien.
Les rapports ont suggéré que ses efforts pour s’enfuir avaient été contrecarrés, ce qui a déclenché des rumeurs sur sa nouvelle arrestation. L’analyste des relations internationales Mark Sleboda a confirmé cela sur les réseaux sociaux, affirmant que Lira avait cherché refuge en Hongrie pour demander l’asile politique, mais avait été intercepté à la frontière ukrainienne.
Les contributions de Lira décrivaient ses expériences horribles, y compris des allégations de torture et une extorsion de 70 000 dollars pendant sa détention. Lira a ajouté qu’il avait été torturé par d’autres détenus en prison, ce qui avait conduit à des coups et à la privation de sommeil, ses “bras étant tordus de manière inhabituelle à l’épaule”.
Sarah Ashton-Cirillo, une journaliste américaine, devenue caporale en chef dans les forces armées ukrainiennes, a déclaré à BI qu’elle avait témoigné contre Lira. Elle a également exprimé la conviction que les allégations de torture étaient fausses.
“Gonzalo Lira a inventé des accusations de maltraitance et de torture pour susciter de la compassion. Quand j’ai parlé avec lui peu de temps après son retour en détention, il était évident qu’il allait bien et qu’il avait été traité de manière exceptionnellement équitable par les services de sécurité d’État“, a-t-elle déclaré.
Exprimant des réserves quant à l’obtention d’un asile politique dans un pays de l’UE autre que la Hongrie, il a soulevé des inquiétudes quant à la possibilité d’une extradition vers l’Ukraine. La dernière communication de Lira a évoqué le danger imminent d’être envoyé dans un camp de travail, et le silence qui a suivi a alimenté les craintes quant à son sort incertain.
Ensuite, des rapports sur l’état de santé déplorable de Gonzalo Lira sont apparus, corroborés par une communication entre son père, Gonzalo Lira Sr., et l’ambassade des États-Unis. Des documents et des e-mails ont révélé les efforts de Lira Sr. pour informer l’ambassade de l’état de santé précaire de son fils et exprimer des préoccupations concernant le manque de transparence des autorités ukrainiennes quant à son bien-être.
Dans la lettre, il est écrit : “J’ai souffert de pneumonie aux deux poumons, accompagnée d’un pneumothorax et d’un cas grave d’œdème (gonflement du corps). Ces problèmes de santé ont commencé en octobre mais ont été ignorés par la prison. La reconnaissance de la pneumonie n’a eu lieu que lors d’une audience le 22 décembre. Je suis sur le point de subir une intervention pour soulager la pression des œdèmes dans mes poumons, ce qui entraîne des difficultés respiratoires extrêmes. Cette condition m’a conduit à m’évanouir, même après une activité minimale ou seulement deux minutes de paroles.“
Malgré les efforts persistants de Gonzalo Lira Sr. pour obtenir de l’aide de l’ambassade des États-Unis et garantir que son fils soit bien soigné durant son hospitalisation, ses appels sont restés sans réponse. Ses pires craintes se sont réalisées une semaine plus tard lorsqu’il a reçu la nouvelle du décès de son fils. Dans une déclaration chargée d’émotion, Lira Sr. a condamné à la fois le gouvernement ukrainien et le gouvernement américain pour leur rôle dans la mort de son fils, attribuant cela à “la torture, l’extorsion et une communication emprisonnée”.
Le département d’État américain a finalement confirmé le décès de Lira et a exprimé ses condoléances à la famille, mais s’est abstenu de tout autre commentaire. Cette confirmation a suivi un rapport de Tucker Carlson sur la mort de Lira et les appels précédents d’Elon Musk au président ukrainien Zelensky pour expliquer l’arrestation et l’emprisonnement de Lira.
Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a commenté sa mort :
Nous faisons appel aux collègues de Gonzalo Lira pour qu’ils élèvent leur voix en défense des prisonniers du régime de Kiev. Cela est nécessaire pour ceux qui sont encore vivants et peuvent encore combattre pour la vérité. C’est aussi un hommage à la mémoire de ceux qui sont morts en martyrs pour la cause de la liberté.
Nous souhaitons adresser nos sincères condoléances à la famille et aux amis de Gonzalo Lira.
Aucun développement ou progrès supplémentaire n’a été enregistré dans l’affaire. La situation demeure inchangée, avec des questions sans réponse et des préoccupations non résolues. Gonzalo Lira Sr. reste critique envers les gouvernements ukrainien et américain et affirme que l’ambassade américaine n’a pas été proactive dans son cas.
